Hommage à Alphonse
LINCKENHELY
Président du comité de Libération et
ancien Maire de la ville d’Igny
Ouvrier charpentier en fer, Alphonse Linckenhely (1894-1975) aura consacré toute sa vie à
Igny (Essonne).
Ayant connu les horreurs de la première guerre mondiale, la « der
des der » a un sens profond pour lui : celle de la défense de la paix
et de la fraternité entre tous les peuples pour empêcher une nouvelle guerre.
C'est ce qui le guidera pour participer au Congrès de Tours de 1920 d’où naîtra
le Parti communiste, section française de l'Internationale communiste.
En 1925, il participe aux actions condamnant la guerre coloniale du Rif
contre le peuple Marocain alors que les peuples coloniaux avaient payé un lourd
tribut dans les tranchées de 1913 à 1918.
Face à la menace fasciste en 1934, il participe à l’action et aux
efforts des communistes pour réaliser un vaste Front antifasciste regroupant
les démocrates de notre pays. Ce combat pour l'unité syndicale et politique
aboutira au Front populaire avec ses grandes conquêtes sociales et
démocratiques en 1936.
Alphonse Linckenhely participe ensuite à l'organisation de l'aide à
l'Espagne républicaine fragilisée par la politique de non intervention des pays
démocratiques et en danger suite au coup de force de Franco aidé par Hitler et
Mussolini. Il aidera à la création des Brigades internationales dont sera
membre un citoyen d'Igny Emmanuel Mignard avec de nombreux futurs résistants de
France comme Rol Tanguy et le colonel Fabien.
Après la défaite de la démocratie en Espagne, c'est celle de la France
qui s'annonce et ceux qui préfèrent Hitler au Front Populaire relèvent la tête.
Pendant la drôle de guerre ils ne sont pas inquiétés, alors que les communistes
sont pourchassés avec d'autres démocrates. Alphonse Linckenhely comme beaucoup
de militants communistes est arrêté en 1939. Interné au Havre, il s'échappera en
1940 pour entrer dans la clandestinité.
Le trouble de la période est dépassé par la culture antifasciste qui
imprègne l'état d'esprit des militants les plus conscients et les orientent sur
le chemin de la lutte antinazie. C'est le chemin qu'emprunte Alphonse
Linckenhely.
En octobre 1941 est créé le Front National de lutte pour la liberté et
l'indépendance de la France au sein duquel vont se retrouver des patriotes de
toutes tendances pour la libération de la France et l'instauration d'une
République Nouvelle.
Revenu à Igny Alphonse Linckenhely organise la résistance à Igny et aux
environs. Il lui faut prendre des contacts dans des conditions difficiles car
tout est désorganisé matériellement et moralement, les militants sont surveillés,
les amitiés incertaines. Il est en contact avec la direction nationale du Parti
communiste français clandestin qui se réunit à Gommonvilliers.
En août 1944, il devient président du comité de Libération de la ville.
Les électeurs le désigneront en 1945 à la tête d’une municipalité d’union composée
de communistes et de démocrates.
De nombreuses réalisations verront le jour sous son impulsion,
notamment de 1953 à 1965 : création de groupes scolaires, de logements
HLM, adductions d’eau et de l’assainissement. Il créera les premières classes
de neige de la commune, les colonies de vacances, les cours de danse, le stade
Jean Moulin entre autres.
Précédemment à l'occasion du 8 mai 1977, sous le début de mandat de Marcel Mouric, une première plaque avait été dévoilée à côté du porche du Clos des trois Arpents, premier groupe H.L.M réalisé par Alphonse Linckenhely.
La libération d’Igny en août
1944
Sous l’occupation, les allemands sont stationnés à St Nicolas. Et comme
partout en France, il y a malheureusement des collaborateurs encore plus
dangereux pour leur connaissance de la population dont celles et ceux
soupçonnés d’être communiste ou gaulliste.
En dépit de ces difficultés, le but des résistants est d’abord de
montrer à la population que l'occupation allemande ne peut pas, ne doit pas
être éternelle.
C’est dénoncer la trahison de Pétain et de sa politique de
collaboration qui vise à faire de la France une colonie allemande et aider en
réalité Hitler à conquérir toute l'Europe en instaurant un système raciste par
l'extermination des Juifs, des Tsiganes et des homosexuels, c’est-à-dire de
tous ceux qui sont différents.
C’est aussi rassembler tous les patriotes, aider les jeunes qui
refusent de partir travailler en Allemagne, les évadés des camps d'internement.
Distribuer des expressions antinazies, récupérer des armes, redonner confiance
en dépit de la répression qui s'abat sur la résistance.
Et avec la victoire de Stalingrad en février 1943, l'espoir change enfin
de camp et donne du crédit à ceux qui n'ont pas baissé les bras devant la
défaite.
Rassemblant la Résistance à Igny, Alphonse Linckenhely prépare alors les
conditions de la Libération.
Le 14 juillet 1944 est choisi pour en faire une démonstration de force
vis-à-vis de la population et pour montrer à l'occupant que la fin approche. Le
14 juillet est jour de grève, de manifestations populaires et d'actions de
toutes sortes, petites ou grandes, contre l'occupant. Alphonse Linckenhely
confie au groupe de l'Union de la jeunesse patriotique d’Igny, animé par le
futur Maire de Palaiseau Robert Vizet, la tâche d'organiser la pose du drapeau
tricolore à la mairie d'Igny et d'un rassemblement sur la tombe d'Estienne
d'Orves à Verrières le Buisson et suivant les circonstances une manifestation
dans les rues de Verrières.
Dans la nuit du 13 au 14 le drapeau tricolore est hissé en face de la
Mairie, au front du pylône électrique à l’angle de la rue Gabriel Péri et de la
rue Carnot avec l'inscription « la Résistance c'est la France ».
Si la population manifeste sa joie à la vue du drapeau le lendemain
matin, les allemands sont furieux. Le drapeau restera deux jours. La légende
dit que les allemands craignaient que le pylône soit électrifié.
Le 14 juillet le rassemblement a lieu sur la tombe d'Estienne d'Orves,
lieutenant de vaisseau fusillé en 1943, pour lui rendre hommage.
Le sacrifice de Gabriel Péri journaliste à l’Humanité et de l’officier d'Estienne
d'Orves symbolise l'Union de la Résistance évoquée par Aragon « Celui qui
croyait au ciel. Celui qui n'y croyait pas. ».
C'est au chant de la Marseillaise et du chant du Départ, ponctués de
slogans antinazis que la manifestation va se dérouler. Des tracts sont
distribués et une prise de parole appelle les gens à rejoindre la Résistance.
Devant la détermination des jeunes une patrouille cycliste allemande va
rebrousser son chemin.
Par la suite, Alphonse Linckenhely met en place le comité de Libération
en veillant à ce que toutes les forces patriotiques y soient représentées. Des
plans d'occupation des édifices publics sont élaborés et les équipes désignées.
Ce qui sera effectif dès le 25 avril à 8h du matin marquant ainsi la libération
de la commune.
Dans le même temps les forces allemandes de 2000 hommes sont bloquées
sur le plateau de Saclay se rendant à un officier de l'Armée Leclerc.
Ainsi Igny et l'Ile-de-France vont retrouver la liberté par les forces
conjuguées de la Résistance et de l'armée Leclerc.
En commémorant chaque année l’anniversaire de la Libération et en
rendant hommage à tous ceux et toutes celles qui sont morts pour la libération
de la France et de l'Europe et à des hommes comme Alphonse Linckenhely, nous
avons le devoir de préserver l'héritage de leur idéal de justice et de liberté.