vendredi 15 juin 2012

Quelle politique foncière au service de la transition écologique de l’agriculture ?

Entretien avec Pierrick MONNET, militant au Mouvement rural de jeunesse chrétienne et coordinateur départemental des jeunes communistes de l’Ain


Peux-tu en quelques mots donner ta vision d’une politique foncière au service de la transition écologique de l’agriculture ?

La question de la propriété de la terre est une question que l’on rencontre souvent lors d’assemblées citoyennes sur l’agriculture. C’est aussi une question qui préoccupe de jeunes ouvriers agricoles ou paysans qui souhaitent s’installer en tant qu’agriculteur.
Aujourd’hui, certains gros propriétaires de terres concentrent toutes les parcelles d’un même village, pour bénéficier de quotas laitiers notamment, et bloquent l’installation de jeunes agriculteurs porteurs d’une autre démarche de production. Souvent, ce sont de jeunes maraîchers, plein d’entrain et très motivés, qui se voient refuser l’accès au foncier alors même que leur projet porte un intérêt écologique: la relocalisation de l’agriculture !

L’enjeu est ici, il faut des politiques foncières et agricoles qui encouragent une production alimentaire au plus près du consommateur, pour des raisons de transport, de fraicheur des produits mais aussi d’emplois dans certains bassins.

L’enjeu de la propriété de la terre est donc l’un des leviers pour encourager la transition écologique de l’agriculture.

Dans cette objectif, quel rôle peut jouer la SAFER ?

Les SAFER doivent être refondues pour atteindre les objectifs décrits précédemment. Cela suffit de voir quelques gros agriculteurs se partager le gâteau à chaque négociation de terrains, à chaque cessation d’activité !
Les pouvoirs publics et les citoyens devraient être plus présents dans ces organismes, afin que les paysans ne décident plus seuls mais dans le cadre d’un rapport de force avec les autres acteurs du territoire dans lequel ils vivent. Les intérêts des gros agriculteurs sont contradictoires avec ceux des autres paysans et avec l’intérêt général et la souveraineté alimentaire d’un territoire.

Il faut encourager par ailleurs les SAFER à jouer leur rôle dans la préservation de l’espace foncier, ravagés par l’étalement urbain, souvent synonyme de pollution à double titre : d’abord parce que les nouveaux habitants doivent consommer beaucoup d’essence pour aller à leur travail, ensuite parce que beaucoup de terres mangées par l’urbain sont parmi les plus riches dans certaines plaines ou sur certains plateaux. Récemment, un article du Monde a fait ce constat sur le Plateau de Saclay (où les rendements à l’hectare font partie des plus hauts de France), en banlieue parisienne, où subsistent parmi les derniers agriculteurs d’Île-de-France, menacés par un projet d’urbanisation.
Ton appréciation de la lutte des paysans sans-terre dans le monde (Brésil, Afrique du sud…) ?

Aujourd’hui, les politiques de prédation des terres en Amérique du Sud sont très inquiétantes, d’un point de vue social et écologique. Au Brésil ou en Argentine, le productivisme exportateur menace les populations locales, privées de souveraineté alimentaire, où des patrons-voyous prospèrent sur des terres volées avec la complicité de l’État. Au Brésil le mouvement des sans-terre est porteur d’espoir mais le gouvernement de Lula n’a pas osé affronter l’agrobusiness, l’avancée a donc été limitée.

En Afrique, certains parlent d’un nouveau colonialisme, car des pays et des entreprises arabes et asiatiques achètent de nombreuses terres pour garantir leur propre souveraineté alimentaire mais aussi pour spéculer et produire des biocarburants; et les dirigeants africains justifient cela par la création d’emplois et d’infrastructures, ce qui ne se produit même pas ! Surtout, on voit fleurir de nombreux projets pétroliers sur des terres cultivables, comme en Colombie où des villages sont menacées par une société de forage qui agit avec la complicité des paramilitaires.

L’expropriation des paysans va donc poser des problèmes environnementaux, mais sera aussi un drame humain, avec de nouveau des exodes ruraux et une dépendance de ces pays en terme d’alimentation.

Quelques chiffres


En dix ans, le nombre d’exploitations agricoles a baissé de 24% en Italie,26% en France, 29% aux Pays Bas et 36% en Allemagne.
En France, il y a eu 6023 installations aidées en 2008, 5392 en 2009, 4957 en 2010.
L’âge moyen à l’installation est de 29 ans en 2010 (28 ans pour les hommes, 32 ans pour les femmes).
Un jeune sur quatre s’installe hors cadre territorial.
23% des jeunes agriculteurs sont des femmes.
64% des chefs d’exploitations ou co-exploitant-e-s de moins de 40 ans ont au moins le baccalauréat et 32% un niveau supérieur au bac.
Environ un tiers (30%) des installés de 40 ans et moins sont pluriactifs lors de l’installation. Les hommes privilégient le salariat agricole, les femmes optent pour le salariat non agricole. Les jeunes installés ont davantage recours à la pluriactivité que leurs aînés pour accroître leur revenus.

Extrait du numéro de juin 2012 de "Terre Mer" - commission nationale PCF Agriculture Pêche Forêt



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